Karl Marx
Les luttes de classes en France - Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte

Arrigo Cervetto – La science de la révolution

Les écrits de Marx recueillis sous le titre Les luttes de classes en France par Engels, et la longue introduction qu’il a ajoutée, représentent une œuvre fondamentale du marxisme selon au moins trois points de vue.

Tout d’abord, ils fournissent la reconstitution sans égal d’une phase révolutionnaire cruciale, le « printemps des peuples » européen de 1848, qui débuta en février à Paris. Dans cette ville, dans les deux ans qui suivirent, se concentra une succession de luttes sociales et politiques d’un extrême intérêt. L’analyse détaillée de Marx est encore aujourd’hui ce que l’on peut trouver de mieux sur le sujet.

En second lieu, ce brillant résultat découle de la conception matérialiste de l’histoire, utilisée ici pour la première fois pour expliquer, comme le note Engels, «un fragment d’histoire contemporaine à l’aide de sa conception matérialiste en partant de la situation économique donnée». Dans l’application du matérialisme historique à l’étude de la vie sociale de son époque, Marx part de la surface évidente des faits politiques pour descendre vers les causes économiques cachées qui, « en dernière instance », comme le postule le matérialisme, sont à la base de ces événements.

En troisième lieu, l’analyse politique des rapports sociaux dans une phase de luttes si intenses et si concentrées permet à Marx de construire ou de perfectionner certains repères théoriques. Ces repères constitueront la base pour des développements ultérieurs de la théorie marxiste. C’est dans Les luttes de classes en France qu’on trouve pour la première fois la formulation de l’objectif du communisme, sous la forme de l’«appropriation des moyens de production par la société». C’est encore dans ce livre qu’est décrite pour la première fois la dialectique entre intérêts particuliers et intérêt général de la bourgeoisie. Mais surtout, en analysant les années qui, à partir de l’insurrection de février 1848, aboutissent au coup d’État de décembre 1851, Marx découvre le lien entre crise et révolution.

Une fois acquis le principe reliant la structure économique à la superstructure politique, l’analyse de l’énorme quantité de matériel empirique généré par la lutte des classes permet de trouver dans la politique, comme cela se fait dans tous les domaines scientifiques, des phénomènes constants et réguliers. Il est possible, soutient Cervetto, de déduire des lois objectives de la superstructure.

L’autre œuvre contenue dans ce livre, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, constitue la continuation de l’analyse de Marx de cette période historique. Il s’agit d’une autre illustration de l’analyse des racines économiques des luttes politiques à partir de critère du matérialisme historique.

Le prolétariat ne peut pas se servir, pour son émancipation, d’un instrument que la bourgeoisie a constamment perfectionné et démesurément démultiplié au fil des siècles avec l’objectif prioritaire de préserver sa domination. La destruction de cette « machine » étatique bourgeoise et son remplacement par un type d’État complètement nouveau constituent les premiers pas du prolétariat sur la voie du pouvoir. Ce sont les premières conditions pour qu’une révolution prolétarienne puisse aborder la tâche d’organiser la production sociale sous des formes susceptibles de conduire à l’extinction de tout type d’État. Cette découverte, exposée dans Le 18 Brumaire au milieu de XIXe siècle, et testée par Marx lui-même à la lumière de la Commune de Paris de 1871, ne trouvera sa pleine confirmation qu’un demi-siècle plus tard avec la révolution d’Octobre de 1917.


1re édition 2010, 2e édition 2020, 336 pages, paperback
index des noms

ISBN 978-2-490073-22-1

series : jeunes

€10.00

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