L’État et la révolution Arrigo Cervetto – La restauration de la théorie marxiste
Lénine écrit L’État et la révolution en août-septembre 1917, en Finlande, où il s’est réfugié alors que le gouvernement provisoire russe a lancé un mandat d’arrêt contre lui. En février 1917, une forte crise politique en Russie a provoqué la chute du tsarisme et la naissance d’une république démocratique. On parvient à une situation de dualisme du pouvoir : le parlement et le gouvernement cohabitent avec les soviets, qui sont l’expression politique la plus authentique des forces révolutionnaires, les ouvriers et les paysans pauvres en uniforme. Le mouvement ouvrier révolutionnaire russe doit alors opérer politiquement dans le cadre de la république la plus démocratique que l’histoire ait jamais produite. Dans ce contexte, sans une théorie révolutionnaire sur la nature de l’État bourgeois, qui puisse dénoncer les idéologies et les préjugés opportunistes à l’égard de l’État, il ne peut exister de mouvement révolutionnaire d’opposition à la démocratie, l’enveloppe la plus efficace de cet État. En quelques semaines, l’enchaînement rapide des événements met la théorie marxiste de l’État à l’ordre du jour, et celle-ci devient immédiatement un instrument dans la lutte pratique. La révolution d’Octobre précède la publication de L’État et la révolution, en 1918, mais Lénine a déjà mis en œuvre l’essentiel de la stratégie qui y est présentée. Les soviets, l’enveloppe politique de l’avant-garde russe du prolétariat mondial, ont vaincu la très démocratique république bourgeoise russe, l’enveloppe politique du secteur russe de l’impérialisme mondial. L’État et la révolution devient l’un des piliers de la Troisième Internationale dont le premier congrès a lieu à Moscou en mars 1919. La victoire du prolétariat russe, comme la défaite tragique du prolétariat allemand, confirment l’essence de L’État et la révolution, qui pose un jalon important de la théorie marxiste : « La république démocratique est la meilleure enveloppe politique possible du capitalisme ; aussi bien le capital, après s’en être emparé, […] assoit son pouvoir si solidement, si sûrement, que celui-ci ne peut être ébranlé par aucun changement de personnes, d’institutions ou de partis dans la république démocratique bourgeoise. »
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