Victor Serge - Léon Trotsky
Écrits et correspondances sur la révolution en Chine en 1927

L’épisode de 1927 reste dans les mémoires comme une défaite du prolétariat, comme il y en a eu d’autres depuis 1848 dans l’histoire internationale de la jeune classe salariée. L’assaut du ciel par les communards de Shanghai et de Canton fait partie des « premiers feux » allumés en Asie par la grande lutte entre les classes modernes, qui commença en Europe avec la révolution industrielle et l’essor du capital. Les fusillades et les décapitations de la main de la canaille bourgeoise ne pouvaient assurément pas effacer cette tentative généreuse, et rendaient plutôt indélébile la leçon apprise à la dure école de la lutte entre les classes et transmise aux futurs continuateurs de l’œuvre d’émancipation communiste de la société.

1927 fut une occasion manquée, qui rendit impossible la connexion entre la révolution chinoise et la révolution européenne, qui aurait pu forcer le maillon le plus faible en Chine pour s’attaquer au maillon le plus fort en Allemagne, selon l’approche de Lénine. Arrigo Cervetto écrit :

« En Chine se sont trouvées réunies les conditions objectives qui auraient pu permettre à un parti communiste révolutionnaire, en conduisant au maximum la réforme agraire et en utilisant le mouvement des masses paysannes, de conquérir le pouvoir comme en Russie, d’exercer la dictature du prolétariat et de mettre ce pouvoir socialiste à la disposition de la stratégie révolutionnaire de l’Internationale communiste. La rupture de ce “second maillon” aurait porté un coup formidable à l’impérialisme européen déjà ébranlé, et aurait accéléré et radicalisé la lutte de classe des puissances impérialistes. La dégénérescence soviétique a renvoyé à un autre rendez-vous historique l’occasion de pouvoir souder en une stratégie mondiale deux révolutions aussi puissantes. On peut discuter tant qu’on le voudra, mais cette occasion s’est perdue avec 1927. »

Le rendez-vous historique n’est que reporté, et attend les révolutionnaires qui sauront se mesurer à l’inédit stratégique du nouveau siècle.


Table des matières

p.9Introduction
39Note bibliographique
Première partie
VICTOR SERGE ET LA RÉVOLUTION CHINOISE
471. Études : le bolchevisme et l’Asie
Le réveil de l’Asie, p. 49 – Notions erronées, p. 51 – Généalogie du bolchevisme, p. 53 – « La pensée scientifique de l’Europe bourgeoise est dans l’impasse », p. 55 – Le prolétariat européen et l’Asie, p. 57
592. La lutte des classes dans la révolution chinoise de 1927
61Correspondance I
La révolution chinoise grandit sur notre horizon, p. 61 – Les « forces motrices » d’une révolution, p. 62 – Les débuts de la révolution paysanne, p. 65 – Les luttes de la classe ouvrière, p. 68 – La victoire prolétarienne et le guet-apens de Shanghai, p. 70 – Le Parti communiste chinois et le Kuomintang, p. 72 – Vers la dictature démocratique des ouvriers et des paysans, p. 75
83Correspondance II
Le devoir communiste, p. 83 – Le « cours normal » des révolutions bourgeoises, p. 84 – La lutte des classes et « l’Union sacrée » contre l’impérialisme, p. 86 – La révolution chinoise sera celle des ouvriers et des paysans ou ne vaincra pas, p. 88 – Le danger, p. 89 – Les fautes, p. 91 – La manière de Lénine, p. 92 – P. S. - Les « faiblesses » de Wuhan, p. 94
96Correspondance III
Puissance de la révolution agraire : les Piques rouges, p. 96 – La victoire des paysans du Hunan, p. 99 – La manière classique d’escamoter une révolution populaire, p. 102 – Le salut était dans la dualité des pouvoirs, p. 105 – Clairvoyance des masses, p. 107 – Mais que fallait-il faire ?, p. 109
111Correspondance IV
Épilogue d’une expérience d’union sacrée, p. 111 – Échec de la révolution nationale, p. 115 – Le soulèvement de Nanchang, p. 117 – Les causes : Kuomintang et Parti communiste, p. 119 – À la lumière des faits, p. 122 – Le bloc menchevique des quatre classes, p. 124
126Correspondance V
Une armée révolutionnaire à Shantou, p. 126 – La manière de Lénine et… l’autre, p. 130 Former le Parti communiste chinois, p. 134 – Inde et Chine, où en sommes-nous ?, p. 136
p.1393. Canton
Hankou, Shanghai et Canton : les trois foyers révolutionnaires, p. 141 – Pour des idées claires : soviets et Armée rouge, p. 144 – Un fait d’armes de 48 heures…, p. 147 – Pour une théorie juste, p. 150
Deuxième partie
TROSTKY ET LA QUESTION CHINOISE
1594. Les géants de l’Asie au début du xxe siècle
« Les feux d’une aurore nouvelle brillent à l’orient »
161Notre patrie dans le temps
1675. Les problèmes de la révolution chinoise. 1927
169Les rapports de classe dans la révolution chinoise
Les problèmes de la révolution chinoise, p. 176
183La révolution chinoise et les thèses de Staline
Il faut tirer les leçons des événements de Chine, p. 183 – Le joug de l’impérialisme et la lutte des classes, p. 185 – Révolution démocratique ou Révolution socialiste ?, p. 187 – L’école de Martynov dans la question chinoise, p. 190 – Comment « la ligne » a été mise en pratique, p. 192 – Les thèses justifient « une ligne » que rien ne peut justifier, p. 193 – Deux voies de développement et les erreurs du passé, p. 195 – Le parti communiste chinois, p. 196 – Qui s’est trompé sur la vitesse ?, p. 198 – Existe-t-il un centre révolutionnaire ou faut-il le créer ?, p. 200 – Les Soviets et l’armement des ouvriers et des paysans, p. 201 – Pourquoi est-il impossible de constituer des Soviets ?, p. 203 – Que propose Staline à la place des Soviets ?, p. 208 – Rupture avec le Kuomintang de gauche ?, p. 209 – La théorie des stades et le « socialisme dans un seul pays », p. 211
215La voie sûre
223De l’idée réactionnaire des « partis ouvriers et paysans bipartites » pour l’Orient
233L’insurrection de Canton
Les étapes de la révolution chinoise, p. 233 – L’aventurisme comme conséquence de l’opportunisme, p. 238 – Les soviets et la révolution, p. 243
250En perdant son noyau prolétarien, le parti ne répond plus à sa destination historique
255Notes
289Profils biographiques
305Index des noms

avril 2025, br.

ISBN 978-2-490073-79-5

collection : documents

15,00€